19 juillet.

Jeudi 19 juillet 2018

Une page blanche. Dans la pénombre rougeâtre, sentir l’excitation et l’impatience; la fébrilité.

Agiter quelque peu la feuille qui baigne dans le révélateur et, lentement, voir des lignes se dessiner. Une forme apparaître. D’abord de simples zones, puis très vite des détails, plus ou moins reconnaissables. Comme par magie, voir cette page blanche se transformer en un visage connu, un lieu foulé, un moment vécu. Voler à la réalité un souvenir, et lui laisser une marque: photographier. 

Une page blanche. Sentir l’appréhension, au moment de voir l’encre imbiber le papier pour la première fois. Puis, d’abord lentement, voir les lignes se former, glisser le long de courbes imaginaires, parfois hésitantes, et devenant plus rapides. Au fil de sa danse, voir se former des mots, des phrases, des idées. Et comme par magie, de rien, voir cette page se transformer en une idée, une pensée, une manière de penser. Lui laisser une cicatrice indélébile, volée à son esprit: écrire. 

Je suis photographe. La photographie me permet de capturer mon histoire, ma réalité: les places où j’ai été, les gens que j’ai rencontrés, les événements auxquels j’ai participé. Elle revient à sa fonction première, à sa base: elle capture des souvenirs, témoigne d’une réalité. Elle enregistre un regard, une sensibilité. Elle est le témoignage de ma réalité. 

S'asseoir à une table, seul. S'isoler. Et commencer à écrire ses pensées. Écrire me permet de capturer mon esprit: mes pensées, mes émotions, mes intentions. L’écriture témoigne d’un état d’esprit, d’une vision des choses à un temps donné. C’est une photographie de mon esprit. 

J'écris depuis longtemps. Il ne s’agissait ni d’un projet, ni même d’une ambition. L’intention était simple: garder mes idées. Une discussion avec moi-même. Une façon de me décharger d’une pression. Un dialogue solitaire, un monologue à deux. Des pensées arrêtées, comme des photographies. Des mots, des phrases, qui me rappellent qui j’ai été, et d'où je viens. 

La photographie m’aide à capturer ma réalité, mon histoire. L’écriture à capturer mon esprit, ma mentalité. Deux parfaits compléments, souvent liés, souvent côte à côte.